AUX PAYS DES CONTES ET DES LEGENDES

LEGENDES DE TOUT PAYS, LIVRES MES PASSIONS

posté le 11-07-2011 à 13:43:56

VAL SANS RETOUR

Il doit son nom à la Fée Morgane qui, selon la légende, enfermait par ses envoûtements les hommes qui n'avaient pas été fidèles, même en pensée, à leur bien aimée. Son château était construit sur les hauteurs du Val pour le dominer et surveiller ses amants prisonniers.

LA FORTERESSE DU VAL SANS RETOUR -

Non loin de Tréhorenteuc, existait autrefois un château enchanté dans lequel on pouvait entrer mais non sortir si l’on avait commis à l’égard de sa dame une quelconque infidélité d’action ou seulement de pensée. C’est Morgane qui l’avait édifié. Morgane était la sœur du roi Arthur. Plus qu’aucune autre fée, elle connaissait le secret des charmes et des enchantements.

Réfugiée dans la forêt pour y vivre avec son amant Guyomard, elle fréquentait si peu les humains qu’on ne la croyait plus une femme mais une fée. Un jour, elle s’aperçoit que Guyomard lui échappe. Il lui préfère une demoiselle de grande beauté qu’il retrouve au fond d’un val bien fait pour dissimuler les amours interdites. Morgane est avertie. Elle accourt et surprend les amants dans le moment où ils se donnent “les plus tendres témoignages d’amour”. Peu s’en faut qu’elle n’en meure de douleur. Puis, revenant à elle, elle jette sur le val un enchantement dont la vertu consiste à retenir à jamais tout chevalier errant qui aurait fait à son amie la moindre infidélité

Guyomard est le premier pris.

Seul un chaste et franc chevalier peut rompre le maléfice

Suivons Galeschin qui vient de S’y aventurer. Il arrive devant une porte trop basse et trop étroite pour un cavalier. Il descend donc, laisse son cheval, jette son glaive, pose son écu au bras gauche, brandit son épée, et, la tête baissée, s’engage dans une allée longue, étroite et assez obscure

À l’extrémité de l’allée, il voit deux énormes dragons jeter par la gueule de grands flocons de flamme. Involontairement Galeschin fait un mouvement en arrière. Mais la honte le retient de reculer. Et, au moment où les dragons s’élancent sur lui, il avance.

Ils jettent leurs griffes sur l’écu, déchirent les mailles du haubert, pénètrent dans la chair jusqu’au sang. Le duc ne recule pas : il donne de son épée dans tous les sens. Et passe outre. Une rivière bruyante et rapide se présente alors à lui.Une planche longue étroite, instable, l’enjambe. À peine Galeschin y a-t-il posé le pied que deux chevaliers armés apparaissent sur l’autre rive pour lui défendre le passage. S’il chancelle, il se noie.

Galeschin ne recule pas. Le premier chevalier lève son glaive, le second frappe le heaume. Galeschin glisse dans l’eau. Il se croit perdu. il sent les angoisses de la mort. Mais, comme il était déjà pâmé, on le tire de l’eau avec des crocs de fer. Dans le pré, il ouvre les yeux. Un chevalier le somme de se rendre. Se dressant à genoux, Galeschin ne répond pas. D’un coup d’épée on le fait retomber.(…) Quatre sergents alors le prennent, le désarment et l’emportent dans un jardin où se trouvent d’autres chevaliers. (…)

Le duc revient de pâmoison. Chacun le réconforte et le console du mieux qu’il peut. Galeschin apprend alors à ceux qui l’entourent qu’il est le duc de Clarence, fils du roi Tradelinam de Norgalles et compagnon de la Table Ronde. Il y a là Aiglin des Vaux, Gaheris de Caraheu, Kae dit le Beau. Ils lui apprennent comment ils se trouvent retenus dans le Val, comment le plus preux ne doit pas espérer d’en sortir, pour peu

qu’il ait faussé de rien ce qu’il devait à son amie.(…) Où trouver le chevalier qui, dans le cours de ses amours, aura constamment éloigné toute oeuvre et tout désir d’inconstance? Est-il un seul fils de mère pur de toute infidélité à l’égard de son amie de coeur?

Au moment même où le duc se lamente ainsi, le plus hardi et le plus franc de tous les chevaliers arrive avec messire Yvain devant l’enceinte vaporeuse. Il laisse Yvain tenter l’épreuve. Yvain échoue.

- Par Dieu, dit Lancelot, il faut savoir aujourd’hui si les deux cents chevaliers prisonniers de Morgane retourneront jamais à la cour d’Arthur.

Et Lancelot de pénétrer à son tour dans le val. Il arrache la langue d’un dragon, étrangle l’autre. Défait les gardiens du pont. Traverse une muraille de flammes. Trois chevaliers porteurs de grandes haches lui interdisent un escalier. Il défait les deux premiers, le troisième arrache l’épée des mains s’enfuit et va se cacher dans un pavillon sous le lit où dort Morgane. Lancelot, qui le serre de près, prend à deux mains sommier et couvertures, et les renverse “ce dessus dessous”. Morgane pousse un grand cri que Lancelot reconnaît pour être celui d’une femme. il en a grand regret, mais continue la poursuite du chevalier, le joint quelques salles plus loin, le saisit d’une main et, du tranchant de son épée, lui sépare la tête des épaules, Cela fait, il retourne au pavillon et s’agenouille devant Morgane encore tout éplorée:

-Dame, dit-il, je vous offre la tête de ce félon chevalier, pour l’amende de l’outrage que je vous ai fait sans le savoir.

Ah!

s’écrie Morgane, jamais amende n’effacera pareille injure!

Un valet accourt et dit à Morgane:

 

Dame, apprenez de merveilleuses nouvelles. La coutume établie par vous est abattue; les sorties sont libres, plus de cent chevaliers les ont déjà reconnu

En même temps paraît le chevalier Guyomard à qui le Val sans Retour avait été destiné.

-Bien soit venue, s’ écrie- t’il, la fleur de tous les preux!

- Dites plutôt, mal soit-elle venue! répond Morgane. Maudite soit l’heure où tant de hardiesse lui fut donnée

Maudit soit-il pour être venu dans ce val, et honnie soit la dame qu’il a loyalement aimée! Par la vertu de Lancelot la forteresse du val avait disparu. Grâces lui en soient rendues! Moi qui n’ai peut-être pas toujours été un chevalier sans reproche, je me suis promené dans le Val et j’en suis ressorti

Extrait: Châteaux Fantastiques de Bretagne, rassemblés par Olivier Eudes, édition Terre de Brume


 


Commentaires

 

1. harfang  le 11-07-2011 à 12:32:36  (site)

j'ai bien envie d'y aller faire un tour ! c'est toujours mieux d'aller se promener quelque part et d'en connaître les légendes et autres histoires. En plus j'adore la légende Arthurienne !

2. harfang  le 12-07-2011 à 09:40:16  (site)

je reviens encore un fois pour revoir les photos... certaines font un peu peur, non ? j'adore ! enfin si je vais me promener par là j'irais accompagnée ! faut quand même pas pousser !!!

3. hellielafeeclochette  le 12-07-2011 à 20:08:09

c'est là bas qu'il y a donc le fameux rocher des faux amants .... juste à côté du siège de Merlin...j'adore cet endroit je m'y sens bien ; Harfang pas de soucis je connais bien les lieux si un jour tu passes par là et que j'y suis aussi c'est avec plaisir que je ferai la visite contée

4. harfang  le 13-07-2011 à 07:51:57  (site)

oh merci Clin doeil je me sens déjà beaucoup mieux !
bises

5. harfang  le 13-07-2011 à 11:38:04  (site)

et re bises au cas où je ne repasserai pas avant lundi prochain, pont oblige Clin doeil mais on ne sait jamais...

6. harfang  le 15-07-2011 à 06:36:50  (site)

tu vois je suis repassée !
entre deux coup de peinture une pause s'impose !
bises

7. nike shox r4  le 18-07-2011 à 02:24:44  (site)

It takes all sorts to make a world. nike shox r4

8. harfang  le 18-07-2011 à 09:23:16  (site)

ça y est encore un com intempestif ! c'est pire que les moustiques ça !
biz oh pardon, bises !

9. harfang  le 21-07-2011 à 08:07:39  (site)

bisous du jour !

10. harfang  le 28-07-2011 à 13:04:49  (site)

plein de bisous avant mon départ.
A bientôt Clin doeil

11. Brocéliande  le 14-08-2011 à 16:49:40

bonsoir je viens de découvrir ton blog j'aime beaucoup ces légendes j'habite le Morbihan ça fait deux ans et hier je suis partie en direction de la forêt de Brocéliande justement là ou j'ai rendu visite à Merlin son tombeau ressemble à une fontaine de Jouvence les visiteurs y déposent des petites pièces de monnaie un de ces visiteurs a même déposé une bouteille de chouchenn entamée portant le non de Merlin en bref j'ai découvert des lieux étranges je dirais même qu'il faut le faire au moins une fois

12. hellielafeeclochette  le 15-08-2011 à 14:41:44

demat !
ben alors tu es partie en vacs ??
ramène nous de belles légendes ....

13. harfang  le 29-08-2011 à 13:05:53  (site)

coucouroucoucou ! tu es là ou bien ?
dur retour à la réalité... brrrr le boulot !

14. macoumba28  le 30-08-2011 à 21:18:33  (site)

Bonsoir Harfang, merci de ta constance,en ce moments je ne suis pas chez moi mais je vais très bien.C'est très rare que je sois connecter, et j'en suis désolée, mais j'ai internet de temps en temps le soir assez tard, étant donné que mes enfants ou petits enfants s'en servent, alors je me rabat sur la lecture, Je vais certainement pouvoir me servir de mon pc vers le 5 ou 6 septembre Je te souhaite une bonne soirée en espérantsmiley_id117194 que tu as passé de bonne vacances Bisou et à ++ Macoumba:

édité le 30-08-2011 à 23:19:18

15. harfang  le 31-08-2011 à 14:19:47  (site)

j'attends avec impatience la semaine prochaine alors... bises

16. harfang  le 05-09-2011 à 11:25:42  (site)

Nine

17. harfang  le 07-09-2011 à 09:15:11  (site)

je passe... bises

18. harfang  le 14-09-2011 à 14:13:58  (site)

et bien tu as des supers coms dis donc !
heureusement qu'on peut les supprimer !
bises bises

19. harfang  le 16-09-2011 à 10:25:14  (site)

bon WE alors ! ? !

20. harfang  le 19-09-2011 à 07:39:18  (site)

je vois que tu n'as pas encore fait ton ménage ! Dis donc !
Clin doeil
bonne semaine avec des bises !

21. harfang  le 21-09-2011 à 10:03:16  (site)

bon faudrait peut-être t'y mettre non ?
aller je rigole Clin doeil
bises bises

22. harfang  le 27-09-2011 à 09:34:24  (site)

bises d'un mardi très estival ! haaaaaaa ça fait du bien !

23. harfang  le 29-09-2011 à 11:20:16  (site)

comme je vais être absente 3 jours je passe vite te faire des bises

 
 
 
posté le 02-07-2011 à 14:15:38

La Fée de la fontaine légende de l'Orne

             

                    La fée de la fontaine

LA FÉE DE LA FONTAINE

LÉGENDE
de
l'ORNE

Carrouges

(Orne). Cette petite ville, qui est la dernière de la Normandie, est située sur le sommet d'une belle colline, au pied de laquelle, à peu de distance, existe un château légendaire bien

connu.
Ce manoir fut construit par le comte Ralph qui avait épousé la comtesse Louise de la Motte, jeune personne du voisinage, douée de toutes les qualités de l'esprit et du corps. Six années s'étaient déjà écoulées et leur union était toujours restée stérile.
Aussi quelle fut la joie du comte quand son épouse lui apprit qu'elle serait bientôt mère.
Ralph au comble du bonheur invita tous ses vassaux et ses voisins à célébrer l'heureuse naissance de l'enfant que la comtesse allait lui donner. Les réjouissances durèrent douze jours, et, comme c'était la coutume, la chasse fut le principal plaisir auquel on se livra.


Par une belle matinée d'été, on vit les portes du château s'ouvrir devant les varlets et la meute impatiente. Bientôt les Seigneurs éperonnant leurs coursiers disparurent dans la forêt voisine à la poursuite du cerf. Toute la journée les échos des vallons répétèrent alternativement les joyeuses fanfares et les cris animés des chiens.
Déjà le soleil commençait à refuser sa lumière et les veneurs se rendaient au château ; le comte seul, emporté par une bouillante ardeur, s'était égaré dans les épaisses futaies. Après avoir parcouru dans divers sens les allées de la forêt, il arriva enfin près d'une clairière.

C'est une petite vallée bien sauvage et bien fraîche qui semble complètement isolée du reste du monde. Figurez-vous un ravin d'un quart de lieue environ d'étendue, renfermé entre deux collines couvertes de magnifiques arbres. Au milieu des deux collines, un ruisseau dont les flots se divisent en mille rameaux et se réunissent en un seul canal, qui va marier ses eaux avec celles d'une fontaine ombragée par un massif de saules, et vous aurez une idée de cette clairière. Il faut aller bien loin avant de découvrir une seule habitation, avant d'apercevoir la fumée d'une chaumière, et si rencontrant un homme de la contrée vous lui demandiez le chemin de cette solitude, c'est à peine s'il pourrait vous indiquer les trois sentiers qui y mènent.

En arrivant dans ces lieux, le comte entendit les sons mélodieux d'une voix humaine, on eut dit une sirène qui attirait le navigateur par la douceur de son chant ; alors il se dirigea à l'endroit d'où partait cette voix et vit au bord de la fontaine une jeune fille vêtue de blanc.
Curieux de connaître cette étrange beauté, qui venait à cette heure enchanter ce séjour, Ralph descend de sa monture et s'avance vers elle. La belle inconnue sembla ne pas s'être aperçue de la présence de ce nouvel hôte, et elle continua de baigner ses pieds dans l'onde transparente.
Le comte, attiré par une force invisible, s'approchait toujours, et quand il fut près d'elle il tomba à genou plongé dans un morne silence. La nymphe de la fontaine se levant alors :

 


- Jeune étranger, dit-elle, d'où te vient cette témérité d'oser troubler cette solitude, sache qu'on ne vient pas impunément en ce lieu.
Elle tachait de couvrir sous ces paroles menaçantes la joie qui débordait de son cœur. Ralph effrayé lui répondit :
- Déesse de cet aimable séjour, ayez pitié d'un voyageur que la nuit a surpris dans la forêt, soyez sensible au malheur d'un père, d'un époux.
A peine avait il parlé que la jeune nymphe, levant ses beaux yeux, lui sourit gracieusement, et tout à coup commença avec lui une danse fantastique ; plus il dansait plus la danse s'animait ; leurs pieds ne faisaient qu'effleurer le gazon et pliaient à peine les fleurs qui ornent le rivage. Enfin l'infatigable danseuse l'enlevant de terre se précipita avec lui sous les eaux. L'onde s'agita un instant et reprit bien vite son ancienne tranquillité.



Les ombres luttaient encore avec la lumière, quelques rares étoiles brillaient toujours sur l'azur des cieux ; mais déjà l'orient était couvert d'un manteau d'or et de pourpre, lorsque le comte rentra au château. Sur les demandes empressés des Seigneurs, il raconta qu'égaré dans la forêt il avait passé la cabane d'un bûcheron. Comme c'était un évènement fort commun à cette époque, personne n'en fut étonné et les fêtes recommencèrent avec plus d'ardeur

Mais chaque soir lorsque tout dormait au château, Ralph sortait furtivement et se rendait au séjour enchanteur de la fée.
Il en fut ainsi pendant plusieurs semaines et personne ne le savait. Mais lorsque la comtesse s'aperçut des absences nocturnes de son époux, de graves soupçons vinrent agiter son âme et elle résolut d'épier ses sorties

Une nuit que le comte avait, comme de coutume, quitté le château, Louise s'élance aussitôt de sa chambre et court sur ses traces. C'était une de ces nuits d'orage qui effraient les campagnes ; un vent violent soufflait du nord et le tonnerre grondait au sein d'une nue sillonnée d'éclairs. Arrivée à la clairière, la comtesse aperçoit son époux exécuter une danse fantastique avec une jeune fille, revêtue d'un long voile blanc, et s'élancer avec elle dans l'onde de la fontaine.
A cette vue la rage s'empare de son cœur et elle retourne au château, bien résolue de venger l'infidélité d'un époux.

Le lendemain, la comtesse se coucha comme de coutume et feignit de savourer un profond sommeil, mais lorsqu'elle vit le comte sortir encore du château, elle saisit un poignard et se dirigea à l'endroit où elle avait vu la belle fée. La nuit était pure et sereine, l'astre du soir se montrait au dessus des arbres apportant avec lui une brise

embaumée ; tantôt il suivait sa course azurée, tantôt il reposait sur un groupe de nues.
Parfois on le voyait dans les intervalles des grands hêtres et sa lumière pénétrait dans les plus épais ténèbres. Le ruisseau qui coulait avec un doux murmure, tour à tour disparaissait dans les bois, tour à tour reparaissait brillant des feux qu'il reflétait dans son sein. La jeune nymphe reposait au bord de la fontaine ; tout à coup une goutte de sang jaillit de son sein, une autre la suivit puis une autre, et bientôt sa blanche tunique

fut souillée de nombreuses tâches sanglantes Après s'être convulsivement débattue sur le gazon, elle s'élança dans l'onde, en faisant entendre un long gémissement et tout entra dans le silence.

Le lendemain on trouva à l'entrée du château le corps du comte étendu sur le sol, un poignard lui traversait le cœur et près de la blessure on vit un petit billet sur lequel étaient écrits ces mots :
- Je suis vengée.


Lorsqu'on voulut annoncer à la comtesse la mort de son époux, on la trouva étendue sur son lit et dévorée par une fièvre ardente ; mais tout à coup ses suivantes reculèrent d'horreur et sortirent précipitamment de la chambre en poussant de grands cris. Louise surprise porte instinctivement la main à sa tête et s'aperçoit qu'une tâche sanglante maculait son front.



Cet incident agita tellement son âme, que deux jours après elle était au bord de la tombe. Ce fut dans ces circonstances qu'elle donna le jour à un bel enfant...

Le fils de la comtesse eut six enfants, et tous portèrent au front ce stigmate de punition. Ce n'était d'abord qu'un petit point rougeâtre, puis vers sept ans ce point s'élargissait et ressemblait enfin à une tâche sanglante.

Cette marque distingua pendant sept générations la postérité de la comtesse. Enfin Radolphe, le dernier des Ralph, n'eut qu'une fille. Sans doute la colère de la fée était apaisée. Aucune trace sanglante ne souilla le front pur de cette enfant.
Si l'on croit la tradition, cette localité aurait reçu le nom de Carrouges, pour rappeler la triste punition qui avait pendant si longtemps affligé l'illustre famille des Ralph, et le mot Carouges signifierait chair ensanglantée (caro chair, rubra rouge).



Souvent, disent les habitants de Carrouges, nous avons vu la jeune comtesse, ornée d'un voile noir, venir au pied d'un vieux hêtre pleurer son crime ; et si vous interrogez les habitants du voisinage, ils vous diront aussi que, fréquemment, ils ont vu, par une tiède nuit d'été, la belle fée sur le bord de la fontaine, revêtue d'une tunique ensanglantée.

Francis BOYER - La fée de la fontaine

 


Commentaires

 

1. harfang  le 05-07-2011 à 14:48:20  (site)

le château est magnifique et la légende passionnante. De quoi donner envie de partir sillonner les routes de France à la rechercher de ces petites pépites que tu nous dégottes.

2. harfang  le 08-07-2011 à 10:37:20  (site)

tu peux enlever le second com je pense que c'est un spam. Il y en a plein en ce moment sur les blogs...
Bon WE à toi... La semaine prochaine je fais le pont. Et toi ?

 
 
 
posté le 27-06-2011 à 18:44:04

Le loup Vert de Jumieges

 

LE LOUP VERT


Le plus curieux des anciens usages est la procession du "loup vert" qui se fait encore à Jumièges avec un cérémonial fort bizarre.

Le 23 juin, veille de la Saint Jean Baptiste, la confrérie instituée sous la vocation de ce bienheureux va prendre au hameau de Conihout le nouveau maître de cette pieuse association, qui ne peut être élu ailleurs. Celui-ci, autrement dit le "loup vert", revêtu d'une vaste houppelande et d'un bonnet de forme conique, très élevé, sans bords et de couleur verte ainsi que la robe, se met en marche à la tête des frères. Ils vont, en chantant l'hymne de la Saint-Jean, au bruit des pétards et de la mousquetade, la croix et la bannière en tête, attendre, au lieu-dit le Chouquet, le curé qui, prévenu par le bruit, vient, entouré de son clergé champêtre, se réunir à eux ; de là, il les conduit à son église paroissiale où les Vêpres sont aussitôt chantées.
Un repas, tout en maigre, préparé chez le loup, et des danses exécutées devant sa porte occupent le reste du jour jusqu'à l'heure où doit s'allumer le feu de la Saint-Jean.
Après un "Te Deum" chanté autour d'un bûcher qu'ont allumé en cérémonie et au son des clochettes un jeune garçon et une jeune fille parés de fleurs, un individu entonne en patois normand un cantique qui rappelle la prière "ut queut laxis".

 

fois le futur loup qui, dans sa course, frappe indistinctement toute la file d’une grande baguette.
Lorsque les frères s’en sont enfin emparé, ils le portent en triomphe et font semblant de le jeter dans le bûcher.
Cette étrange cérémonie terminée, on se rend chez le Loup Vert en titre, on y soupe encore maigre. La moindre parole immodeste est signalée par le son des clochettes disposées auprès d’un censeur.
Ce bruit est l’arrêt qui condamne le contrevenant à réciter, debout, à haute voix le Pater Noster. A l’apparition du dessert ou à minuit sonnant, la liberté la plus entière succède à la contrainte, les chants bachiques remplacent les hymnes religieux et les maigres accords du ménétrier du village peuvent à peine s’entendre à travers les voix détonantes des joyeux convives.
Le lendemain, 24 juin, la Saint Jean Baptiste est célébrée par les mêmes personnages, avec de nouvelles cérémonies. On promène un énorme pain béni à plusieurs étages, surmonté d’une pyramide de verdure ornée de rubans. Après quoi, les clochettes sont confiées, comme signes de sa future dignité, à celui qui sera le prochain Loup Vert.

C.A. DESHAYES - Histoire de l’abbaye
royale de Jumièges (1829)

 


Commentaires

 

1. harfang  le 28-06-2011 à 14:36:04  (site)

je suis allée plusieurs fois visiter l'abbaye de Jumièges mais je n'avais jamais entendu parlé de cette légende...

2. harfang  le 30-06-2011 à 13:25:30  (site)

je m'absente. A très vite avec plein d'article, hein ? que je ne te prennes pas à flemmarder !!!
Bisous Rire

 
 
 
posté le 20-06-2011 à 21:42:29

La légende de la rose rouge

Savez-vous pourquoi la reine des roses est rouge? Pourquoi toutes les roses ont leurs tiges hérissées d'épines?
Non?
Alors je vais vous conter cette légende venue tout droit d'Egypte et qui ne peut que laisser songeur...

 


Un rossignol chantait, chantait si fort qu'il gênait le calme de la nature, mais il avait des raisons dictées par son cœur.... Depuis quelques mois, il avait remarqué la naissance d'une fleur dont la beauté pure, d'un blanc de neige, lui avait éveillé une profonde envie de chanter!
Il était parvenu à se jucher sur une branche d'un arbre feuillu et non loin de la magnifique corolle.
Il n'avait de cesse de lui chanter son cœur, cet amour qui le gagnait et le rongeait chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde un peu plus....
Il étouffait d'amour et avait besoin d'ouvrir son gosier pour respirer à fond et libérer le trop plein de cet émoi qui lui faisait oublier de manger...
La fleur, jeune et fraîche, d'une beauté quasi parfaite, s'appelait Rose, et, à cette époque, toutes les roses étaient blanches...

 

Le temps de ces chants qu'elle savait lui être destinés, affaiblissait son cœur, l'émouvait et faisait s'ouvrir tous les boutons de son pied, elle savait son temps compté mais l'amour que le bel oiseau lui chantait était tel qu'elle préférait s'y abandonner; elle était profondément flattée, et, parfois, jouait de coquetterie en repliant ses feuilles sur ses tiges, faisant mine de s'abriter mais finalement très atteinte dans son égo.
Sa mère, pied beaucoup plus important et beaucoup plus imposant, lui conseilla de ne point se laisser émouvoir, qu'un oiseau et une rose n'étaient point faits pour s'aimer, que cela était contre nature, que si jamais elle se laissait prendre au piège de cet amour, le Dieu des fleurs se mettrait en grande colère et les punirait sévèrement, mais... comment oublier un être qui ravive chaque jour la flamme grâce à des vocalises sublimes?
Les chants durèrent onze jours puis au douzième jour....

Bien que la jeune fleur sache le bon conseil de sa mère, elle préféra, et de loin, écouter son cœur, après tout, quel risque?

 


Le risque...
Plus son amour pour l'oiseau grandissait plus cela se voyait car, imperceptiblement, sournoisement mais sûrement, le blanc pur qui était sa couleur prenait de légers reflets roses...
L'oiseau s'enhardit, maintenant, il avait envie d'effleurer, de toucher cette si parfaite beauté et tenta par un beau jour d'été d'atterrir sur l'une des tiges.
L'émotion fut si forte pour la fleur qu'elle piqua un fard et devint aussi rouge que certaines plumes d'un ara.

Le rossignol ne put demeurer sur les tiges fragiles, n'eut guère le temps de déployer ses ailes tant il était surpris, tomba et , très gravement blessé, sa tête ayant heurté une énorme dalle de pierre, il n'eut qu'un dernier regard pour sa belle toujours cramoisie!

 


Le Dieu des fleurs rentra comme prévu dans une terrible colère, fit donner un coup de chaud à la mère qui n'avait su empêcher son enfant de commettre cet amour tragique et la laissa mourir en asséchant l'arrivée d'eau jusqu'à son pied, puis, décréta que dorénavant, la rose rouge resterait rouge comme le sang écoulé de la tête du pauvre rossignol.

 


Le Dieu des fleurs la fit reine pour que sa honte soit à tout jamais exposée aux autres fleurs rappelant ainsi que l'ordre des choses doit rester dans son ordre...
De plus, pour punir l'impertinence de la jeune fleur et inviter les autres à ce que l'histoire ne se répète pas, il imposa des épines sur les tiges convaincu qu'ainsi aucun oiseau ne viendrait s'y frotter!
Depuis la reine des roses est rouge, et sa légende dit le pourquoi de son symbole: offrir douze roses rouges à une femme pour lui déclarer son amour ...

Xochipilli a le dieu de l'art, de l'amour, des jeux, de la beauté, de la jeunesse, de la danse, des fleurs, de la poésie et de la chanson en mythologie aztèque.

 


Commentaires

 

1. harfang  le 22-06-2011 à 10:22:52  (site)

tu as un étrange com au dessus...

quelle histoire triste ! mais je ne connaissais pas du tout cette légende ! maintenant je vais y penser à chaque fois que je vais voir une rose rouge Clin doeil smiley_id117953

2. harfang  le 24-06-2011 à 11:21:44  (site)

bisous et bon WE Clin doeil

3. LonelyAngel  le 27-06-2011 à 17:30:27  (site)

Merci pour tes messages mais rend moi plutôt visite sur mon blog perso éponyme Clin doeil
Bonne soirée à toi aussi, à bientôt et bonne continuation^^

édité le 27-06-2011 à 19:31:22

4. provence  le 10-07-2013 à 15:46:38

bonjour bravo de tres belles légendes ,j'adore amitiés Simone en provencesmiley_id119180smiley_id119180

 
 
 
posté le 17-06-2011 à 10:33:58

Le Beau Danseur

 

Le beau danseur

Adapté d’un conte populaire

La croyance populaire qui voulait que le diable pouvait prendre possession d'une jeune fille coquette est très fréquente. L'une des premières transcriptions écrite de cette légende se trouve dans un ouvrage de Philippe-Aubert de Gaspé, Le Chercheur de trésors, paru en 1878 sous le titre L'Étranger

De nombreuses variantes existent et circulent dans toutes les régions du Québec. Ici, l'événement se déroule pendant une veillée de mardi gras comme il y en avait beaucoup dans les villages et campagnes du début du siècle.

Il y avait autrefois un nommé Latulipe qui avait une fille appelée Rose dont il était fou. Elle était la plus jolie des jeunes filles ; sa peau était douce, ses joues roses, sa chevelure brune bouclée, ses gestes gracieux. Son père l'adorait et lui passait tous ses caprices

La jolie Rose avait un fiancé qui se nommait Gabriel. Elle aimait bien son amoureux mais ce que Rose aimait encore plus c'étaient les divertissements. Elle cherchait toujours prétexte, une fête ou un événement quelconque, pour demander à son père de convier des musiciens et des jeunesses chez eux pour une veillée.

Quelques jours avant le mardi gras, elle se mit à tourmenter son père

Feriez-vous venir le violoneux du rang* voisin, père ? On dit qu'il joue à merveille. On ferait un petit bal pour le mardi gras ! Dites oui ! Oh ! dites oui,

suppliait Rose.
Le père Latulipe se laissa tourmenter un jour, deux jours et à la fin, de guerre lasse, il consentit.

Mais ma fille

, dit-il, il faudra faire attention. Je ne veux pas qu'on danse après minuit ! Le carême commence le lendemain et il faut faire pénitence.

Rose, folle de joie, embrassa son père et promit de respecter la tradition. Elle passa le reste de la semaine à préparer sa toilette, à décorer la salle. Enfin le mardi gras arriva

Dans la compagne, les nouvelles vont vite. Quand on sut qu'il y avait bal chez Latulipe, ce ne fut pas un seul violoneux qui se présenta. Il en vint trois et des meilleurs

Si bien que la fête fut magnifique. On riait, on dansait avec tant d'ardeur et de plaisir que le plancher en craquait. Au dehors, une tempête de neige s'était déclarée mais personne n'y faisait attention. Le bruit des rafales de vent était entièrement couvert par le son des violons qui entraînaient les danseurs dans des cotillons* et des rigodons* étourdissants.

Rose était gaie comme un pinson : elle ne manquait pas une danse, acceptant toutes les invitations. Son fiancé Gabriel se sentait un peu délaissé mais, voyant sa Rose si heureuse et si enjouée, il prit son mal en patience en songeant qu'ils seraient bientôt unis pour la vie.
Tout à coup, au milieu d'un rigodon*, on entendit une voiture s'arrêter devant la porte. Plusieurs personnes coururent aux fenêtres pour tenter de distinguer le nouveau venu à travers la neige collée aux carreaux. Ils virent d'abord un magnifique cheval noir et puis un grand gaillard tout couvert de neige et de frimas qui s'avança sur le seuil. On s'arrêta de parler et de chanter et l'inconnu entra. Il secoua la neige de ses bottes et de son manteau, et l'on remarqua l'élégance de son costume de fin velours tout noir.

- Puis-je m'arrêter dans votre maison quelques instants ? demanda-t-il.

Le maître de maison, le père Latulipe, s'avança vers lui et dit

Dégreyez-vous*, monsieur, et venez vous divertir. Ce n'est pas un temps pour voyager

Je met entre parenthèse ce mot de dégreyer car je ne savais pas ce qu'il voulait dire

( Dégréer, dégarnir (un navire) de ses agrès. . Oter le paletot, le chapeau. Etc, de (quelqu'un), les vêtements qu'on met pour aller dehors, les habits de ville de. Ex.: Dégreyez-vous donc = ôtez donc votre paletot.  Dégarnir (quoi que ce soit) de ses accessoires. Ex.: Dégreyer les érables, (et absolt) dégreyer = dégarnir les érables des ustensiles (goudrelles. chaudières) dont on se sert pour l'exploitation d'une sucrerie. - Dégreyer la table = la desservir.  Se défaire, vendre. Ex.: Se dégreyer de ses meubles = s'en défaire. 


L'étranger enleva son manteau mais refusa de se débarrasser de son chapeau et de ses gants.

Une coutume de seigneur

, chuchotèrent les curieux regroupés autour de lui.

Tout le monde était impressionné par l'arrivée de ce nouveau venu. Les garçons étaient pleins d'admiration pour le cheval noir qui était attaché au poteau de la galerie. Ils lui trouvaient le poil brillant et l'allure altière des pur-sang mais ils s'étonnaient de constater que là où ses sabots étaient posés, la neige avait fondu complètement.

« Drôle de bête »

, pensaient-ils. Les demoiselles, elles, examinaient en rougissant le bel homme élégant. Chacune d'elles, dans le secret de son cœur, espérait que ce survenant allait l'inviter à danser. Mais c'est vers Rose qu'il alla.

- Mademoiselle, lui dit-il en la fixant de ses yeux de braise, voulez-vous danser avec moi

Il va sans dire que Rose ne se fit pas prier, sentant peser sur elle le regard de toutes ses compagnes qui l'enviaient. L'inconnu entraîna aussitôt la jeune fille dans un quadrille, puis lui en fit danser un autre ; les violoneux ne s'arrêtaient pas et l'on enchaîna avec des réels* et des cotillons

Rose ne pouvait plus s'arrêter de danser : comme si elle ne pouvait plus se détacher des bras de son partenaire. Tous les invités les regardaient évoluer ensemble en louant leur élégance. Comblée de bonheur, Rose oublia totalement Gabriel qui s'était retiré dans un coin, mal à l'aise.

Voyons donc, Gabriel !

lui lança Amédée, un jovial paysan, en lui tendant un gobelet plein de caribou*. Prends pas cet air d'enterrement ! Sois gai, bois et profite de ta jeunesse

Mais Gabriel eut beau boire plus que sa soif le lui commandait, son cœur était douloureux. Et Rose, sa belle Rose, les joues en feu, continuait de tourner avec le beau jeune homme.

Soudain, on entendit sonner le premier coup de minuit. Le père Latulipe regarda l'horloge. Les danseurs s'arrêtèrent et les violons se turent.

- Il est minuit, fit l'hôte. Le mercredi des Cendres est arrivé. Alors, je vous demande de vous retirer

Rose vint pour se dégager mais son compagnon serra ses deux mains dans les siennes.

Dansons encore

, lui murmura-t-il.

Rose ne voyait plus les gens autour d'elle, qui retenaient leur souffle. Ni sa mère, ni son père, ni Gabriel... Rose était envoûtée par la voix et le regard de son compagnon et voilà que sans l'aide de la musique, les deux danseurs reprirent les pas du cotillon* et se remirent à danser, danser, danser... Les autres restaient figés. Personne ne bougeait. L'hôte hésitait à intervenir. Puis, le tourbillon ralentit. L'étranger saisit un gobelet plein sur la table, le leva en criant :
À la santé de Lucifer !

Ses yeux lançaient des éclairs, une flamme bleue jaillit de son verre, faisant reculer lesinvités effrayés. Mais il ne lâchait pas Rose, qu'il tenait fermement. Puis, se penchant vers elle, il déposa sur sa bouche un baiser brûlant.

Au même instant, le tonnerre éclata au-dessus du toit : dans un brouhaha de cris et de hurlements, la maison prit feu. Dans la confusion qui suivit, on ne vit pas l'homme en noir lâcher la main de Rose et s'enfuir dans la nuit sur son cheval.

Au petit matin, il ne restait que des cendres de la maison des Latulipe. Et Rose, réfugiée chez les voisins, était vieillie de cinquante ans. Ses cheveux bruns avaient la couleur de la cendre. Ses joues roses et rebondies la veille étaient pâles et toutes ridées. Et sur ses lèvres on voyait la trace d'une brûlure toute fraîche. C'était la trace du baiser qu'elle avait reçu du diable !

 


Commentaires

 

1. Dilettante  le 17-06-2011 à 08:47:58  (site)

La séduction du Diable !!! Et le prix à payer pour y avoir cédé !
Merci pour ce joli moment de lecture.

2. harfang  le 17-06-2011 à 10:16:08  (site)

et bien faudra réfléchir à deux fois avant d'accepter une danse avec un bel inconnu !

3. harfang  le 20-06-2011 à 09:52:43  (site)

bises du lundi, qui comme d'hab est déprimant au possible. Je ne sais pas pourquoi Ferré a dit qu'avec le temps va...

oups j'avais oublié la fin... tout s'en va... oui c'est bien ça, tout s'en va avec la pluie qui tombe.

 
 
 
 

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