La légende des Korrigans
Il est bien entendu que vous ne me croyez pas lorsque je vous parle des korrigans, ces curieux petits lutins qui vivent selon les endroits dans les forêts, les marécages ou encore les mares. Bien sûr, vous me direz qu'il n'y a pas sur l'Ile de Sein de bois ou de marais qui pourraient abriter de semblables créatures qui n'ont rien de très catholiques et qui sont juste inventées pour faire peurs aux petits enfants. Bien entendu…
Pourtant, les korrigans, protecteurs de la nature, n'existent pas seulement dans les arbres ou sous la terre humide des tourbières. Ils sont aussi dans les maisons, sur les bateaux et sur la lande, dans les champs de pommes de terre, de blé et sur la grève. Il y a tout ça sur l'Ile de Sein. Ils sont partout où il y a des dolmens ou des menhirs. Et il y en a sur l'Ile de Sein. Ils sont à tous les endroits où la nature est bien respectée et tout est en ordre. Et c'est le cas sur l'Ile de Sein.
Sur l'île, il y a des Korrigs et des Teuz.
Les Korrigs sont les korrigans des landes. Ils sont petits, espiègles et aiment beaucoup faire du bruit sans se montrer, riant ensuite de votre peur et de votre course épouvantée et effrénée vers l'abri du bourg. Rien ne leur plait plus qu'une belle lande bien préservée, un champs bien retourné, fumé avec soin et quotidiennement entretenu. Si vous vous occupez mal de votre petit champs, ils viendront, cruels, et détruiront les racines par le dessous, faisant des plantes malingres et faibles qui ne donneront guère. Mais si votre sueur fait partie de l'engrais mis en terre, alors ils chanteront et danseront pour encourager vos plantations et les inciter à se faire belles et abondantes.
Les Teuz sont des génies domestiques, vivant près des humains dans leur quotidien. Ils sont très attachés à leur confort et ne supportent pas la poussière et les dérangements. Aussi, si vous voulez être bien avec les Teuz qui vivent à vos côtés, tenez votre maison bien soignée si vous êtes une femme, ou votre bateau bien propre si vous êtes un homme. Ou bien gare aux objets qui disparaissent dans l'habitation, les clés, les lunettes, le dé à coudre, les ciseaux ; et sur l'embarcation, attention aux voiles qui s'abattent et aux manœuvres qui se déjouent, sans oublier les bonnets et les bérets qui s'envolent sans vent.
Mais si votre bien est bien entretenu et que de temps en temps, vous leur laissez la part du pauvre à table ou un poisson rien que pour eux, alors vos Teuz seront vos meilleurs alliés. Ils sont très sensibles au respect des humains envers leur race, car les hommes n'ont pas toujours été tendres avec eux, avant l'arrivée de la religion du dieu unique, et ils les ont chassés de leurs Terres Sacrées, détruisant leurs menhirs et faisant tomber leurs dolmens.
Vos Teuz prendront alors toutes les apparences pour vous tenir compagnie avec plaisir, vous aider dans votre ménage ou votre couture à la maison, maintenant le feu plus longtemps allumé, sans que le goémon sec ou les bouses ne se consomment trop vite, et la chandelle brûlant sans trop baisser, déroulant la bobine sans qu'elle ne fasse de nœuds et toutes ces petites choses si agréables lorsqu'elles se passent bien.
Ou alors, ils sauront vous réveiller si vous êtes de quart sur le navire et que par malheur le sommeil vous prend. Mais avant de vous réveiller, ils liront la carte et le compas et remettront votre embarcation dans la bonne direction car ce sont des marins de premier ordre.
Dans une maison du centre du bourg, il y a un Teuz bienfaisant. Les propriétaires ont un escalier très raide descendant en à-pic dans un coin sombre de la maison. Tant qu'ils ont été seuls, rien ne se passait, puis ils ont eu des enfants. Dès que ceux-ci ont été en âge de descendre seuls les escaliers, lorsqu'ils étaient en haut de la première marche, le bruit caractéristique d'un interrupteur se faisait entendre. Les parents ont compris qu'ils devaient installer la lumière dans l'escalier pour éviter une chute dangereuse. Du jour où la lumière a jailli dans le coin sombre, le bruit de l'interrupteur a cessé et il n'y a jamais eu d'accident.
Dans une autre maison du bourg, selon le temps, le bruit d'une horloge qui égraine le temps se fait clairement entendre. A chaque fois que les femmes de la maison entendent ce son, elles savent que les Teuz les préviennent qu'elles seront bientôt en deuil d'un membre de la famille.
Commentaires
ici au pied des portes de l'enfer , nous connaissons bien les Korrigans !
Je dis souvent aux enfants de ne pas les déranger quand on se promène dans la lande sous peine de devoir danser jusqu'à épuisement fatal !
lol
mon dernier a toute la collection plisson des "poulpiquets d'ouessant" et autres korrigans en tous genre
ces bouquons sont super sympa