Les quatre parties de la chanson
La chanson peut être divisée en quatre parties :
1. La trahison de Ganelon : Ganelon, beau-frère de Charlemagne et beau-père de Roland, jaloux de la préférence de Charlemagne envers son neveu auquel l'empereur a confié l'arrière-garde de ses armées, trahit Roland. Il intrigue avec le calife Marsile, roi des Sarrasins pour s'assurer de la mort de Roland. Cette partie va de la laisse 1 à 79 dans la chanson.
2. La bataille de Roncevaux : Roland et son compagnon le chevalier Olivier meurent dans la bataille ainsi qu'un grand nombre de Sarrasins et de Francs. Cette partie va de la laisse 80 à la laisse 176.
3. La vengeance de Charlemagne sur les Sarrasins : Roland avait sonné du cor pour alerter Charlemagne mais quand ses armées arrivent pour secourir l'arrière-garde, le comte est déjà mort. Charlemagne venge alors son neveu en battant les Sarrasins avec l'aide de Dieu. Cette partie va de la laisse 177 à la laisse 266.
4. Le jugement de Ganelon : Après la bataille, Charlemagne fait juger Ganelon qui est condamné à mourir écartelé. Cette partie va de la laisse 267 à la laisse 291.
Marsile, roi Maure souhaitant épargner sa ville Saragosse de l'avancée de l'armée des Francs, convient d'un traité de paix avec Charlemagne. Ce dernier se demande qui sera envoyé comme émissaire à Marsile, qui a une grande réputation de traîtrise. Celui qui sera envoyé courra donc un grand danger. L'empereur refuse que ses chevaliers préférés prennent ce risque. On décide enfin, sur proposition de Roland, d'envoyer Ganelon. Mais Ganelon, corrompu et haineux envers Roland, décide de trahir Charlemagne et propose un plan à Marsile. Marsile fera semblant de conclure la paix avec Charlemagne, qui se retirera. Roland commandera l'arrière-garde. Les Sarrasins attaqueront alors par surprise l'arrière-garde isolée. Une fois Roland, le plus vaillant des chevaliers de Charlemagne, tué, Ganelon considère que l'armée de Charlemagne ne vaudra plus rien. Marsile approuve le plan. Ganelon rejoint Charlemagne, qui se retire avec son armée. Roland prend comme prévu la direction de l'arrière-garde, tandis que Ganelon reste en compagnie de l'empereur.
Les Sarrasins attaquent Roland dans le défilé de Roncevaux. Le chevalier Olivier, grand ami de Roland, signale une large troupe sarrasine approchant l'arrière-garde. Il demande à Roland de sonner du cor (ou olifant) pour avertir Charlemagne.
Roland préfère mourir en guerrier plutôt que de se déshonorer en appelant à l'aide (il avait un dicton qui disait: il faut toujours avancer et jamais reculer). Les hommes de Roland se battent contre une force (commandée par Marsile) vingt fois supérieure à la leur, et malgré la bravoure de ses hommes, l'arrière-garde de Charlemagne est exterminée. Lorsqu'il ne reste plus que soixante combattants,
Roland fait sonner son olifant tellement fort qu'il explose(ses veines éclatent). Charlemagne, quant à lui, continue à s'éloigner avec le gros de l'armée, persuadé par Ganelon que le son du cor, qu'il entend, n'est pas un appel à l'aide.
Mais Charlemagne finit par soupçonner le pire et chevauche vers le lieu de l'embuscade. Pendant ce temps, tous les chevaliers de l'arrière-garde meurent, mais Roland et l'archevêque Turpin blessés arrivent à faire fuir l'armée maure avant de s'effondrer tous les deux.
Bataille de Roncevaux en 778. Mort de Roland, dans les Grandes chroniques de France, enluminées par Jean Fouquet, Tours,
Roland a encore la force d'essayer de briser son épée Durandal contre un bloc de marbre, sans succès: la lame luit et flamboie sans s'ébrécher. Il s'allonge face à l'Espagne pour mourir et c'est alors que saint Michel, Chérubin et saint Gabriel emportent son âme vers le paradis.
Quand Charlemagne rejoint son arrière-garde, il est trop tard, Roland est mort et la bataille est terminée. L'armée de Marsile a subi de lourdes pertes, mais elle est renforcée par une immense armée représentant l'ensemble des peuples musulmans. Cette armée affronte l'armée de Charlemagne.
Il s'engage alors une seconde bataille, aux effectifs énormes (et totalement invraisemblables pour l'époque), mais littérairement moins célèbre que la première. Charlemagne détruit l'armée sarrasine avant de retourner à Aix-la-Chapelle. Là, il doit apprendre la triste nouvelle à la belle Aude, sœur d'Olivier et fiancée de Roland, qui meurt sur le coup à cette annonce. Le jugement de Ganelon peut alors commencer. Des seigneurs prennent part à sa cause et des duels sanglants s'engagent. Ils mourront pendus et Ganelon écartelé.
Portée historique
Taillefer, combattant aux côtés de Guillaume le Conquérant à Hastings aurait entonné la Chanson de Roland pour galvaniser les troupes normandes. D'après de nombreux historiens, tout au long du XIe siècle et du XIIe siècle, les troupes françaises auraient régulièrement déclamé ce chant carolingien avant de livrer bataille. On raconte aussi que le roi Jean demanda un jour à ses soldats : « pourquoi chanter Roland s'il n'y a plus de Roland ? » Ce à quoi un homme répondit : « il y aurait encore des Roland s'il y avait des Charlemagne. »
CLXXIV
Roland sent que la mort le prend.
De la tête au cœur elle descend :
En courant il est allé sous un pin.
Sur l'herbe verte il s'est couché face contre terre.
Sous lui il met son épée et son olifant.
Il a tourné la tête du côté des païens :
Il l'a fait parce qu'il veut vraiment
Que Charles dise, ainsi que tous les siens,
Que le noble comte, il est mort en conquérant.
Il bat sa coulpe à plusieurs reprises.
Pour ses péchés il offre à Dieu son gant. AOI
CLXXV
Roland sent que son temps est fini.
Face à l'Espagne il est sur un mont à pic :
D'une main il s'est frappé la poitrine :
« Dieu, je me repens, devant tes grandes vertus,
De mes péchés, grands et petits,
Que j'ai fait depuis l'heure de ma naissance
Jusqu'à ce jour que je suis ici venu à ma mort ! ».
Il a tendu vers Dieu son gant droit ;
Des anges du ciel descendent à lui.
CLXXVI
Le comte Roland est étendu sous un pin,
Vers l'Espagne il a tourné son visage.
Il s'est pris à se rappeler bien des choses :
Tant de terres qu'il a conquises par sa prouesse,
Douce France, les hommes de son lignage,
Charlemagne, son seigneur, qui l'à élevé ;
Il ne peut s'empêcher d'en pleurer et d'en soupirer,
Mais il ne veut pas s'oublier lui-même ;
Il bat sa couple, il demande à Dieu merci :
« Vrai Père qui jamais ne mentis,
Toi qui ressuscitas saint Lazare de la mort
Et préservas Daniel des lions,
Préserve mon âme des tous les périls
Causés par les péchés que je fis en ma vie ! »
Il offrit à Dieu son gant droit ;
Saint Gabriel l'a pris de sa main.
Sur son bras il tenait sa tête inclinée,
Les mains jointes il est allé à sa fin.
Dieu lui a envoyé son ange Chérubin,
Et saint Michel du Péril de la Mer,
Avec eux y est venu saint Gabriel ;
Ils emportent l'âme du comte en paradis.
"La chanson de Roland"( traduction tirée de l'Anthologie " De fil en aiguille" vol.1, pag.26)
Commentaires
Coucou
Encore quelque chose que je connaissais... Mais pas autant dans les détails ! Merci pour toutes ces informations.
Bonne journée