épée de Jeanne d’Arc
La découverte miraculeuse de l'épée dite de « Charles Martel » sous l'autel de Sainte-Catherine-de-Fierbois, en est un exemple.
La légende veut que Charles Martel, en 732, après avoir repoussé les Sarrasins des portes de Tours et les avoir battus sur la route de Poitiers, exterminât les dernières troupes dans les bois qui avoisinaient alors Sainte-Maure.
Pour remercier Dieu de cette victoire décisive sur les Maures, Charles-Martel fit construire en ce lieu sauvage appelé Fierbois (ferus bocus) une petite chapelle, dédiée à sainte Catherine d'Alexandrie, patronne des soldats. En ex-voto, il y déposa, derrière l'autel, son épée.
Jeanne d'Arc, (petit résumé) née le 6 janvier 1412 à Domrémy, poussée par ses voix, (saintes Catherine, sainte Marguerite et l'archange saint Michel) se fait conduire par Robert de Baudricourt auprès du dauphin (futur Charles VII).
Elle part de Vaucouleur le 23 février escortée de 6 hommes, et arrive le 4 mars 1429 à Sainte-Catherine-de-Fierbois, Jeanne portant alors des habits masculins. Elle est hébergée dans l'aumônerie construite par Boucicaut et fait rédiger une lettre au dauphin qu'elle fait porter par deux hommes de son escorte et alla prier devant la statue de sainte Catherine qui trônait dans la chapelle dédiée à son nom. Le lendemain elle assiste à trois messes dans cette même chapelle. Ayant reçu réponse à son courrier, elle se met en route pour Chinon le 6 mars.
Une fois reconnue auprès du futur Roi comme l’envoyée du Seigneur, elle se rend à Tours pour y récupérer l'armure confectionnée pour elle, et quand on lui propose une épée, elle la refuse prétextant que "ses voix" lui avaient révélé l'existence d'une autre, enterrée derrière l'autel de la chapelle de Sainte-Catherine-de-Fierbois et reconnaissable à cinq croix gravées sur la lame (l'épée de Charles Martel).
Voici ce que l'on peut lire à ce propos dans les minutes de son procès :
« …Tandis que j'étais à Tours, j'envoyai chercher une épée qui se trouvait dans l'église Sainte-Catherine-de-Fierbois derrière l'autel.
- Comment saviez-vous que cette épée fût là ?
- Cette épée était en terre, toute rouillée et la garde était ornée de cinq croix. Je sus qu'elle se trouvait là par mes voix, et l'homme qui l'alla chercher ne l'avait jamais vue. J'écrivis aux ecclésiastiques dudit lieu qu'ils voulussent bien m'envoyer cette épée, et ils me l’envoyèrent. Elle n'était pas trop enfoncée en terre, derrière l'autel comme il me semble. Aussitôt après que l'épée eut été trouvée, les ecclésiastiques dudit lieu la frottèrent, et aussitôt la rouille tomba sans difficulté.
Ce fut l'armurier de Tours qui l'alla chercher. Les prêtres de Fierbois me firent don d'un fourreau, et les habitants de Tours d'un autre. On fit donc faire deux fourreaux, l'un de velours vermeil, et l'autre de drap d'or. Et moi j'en fis faire un troisième de cuir solide… »
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Vers la fin de sa mission, Jeanne d'Arc la brisa en tapant du plat de l'épée sur une prostituée qui traînait dans ses troupes à Saint Denis.
Le mercredi 23 février 1429, à Vaucouleurs, le cortège fut prêt vers trois heures de l’après-midi. Jeanne était à cheval, entourée de son escorte composée de quatre lorrains : Jean de Metz, chef de l’expédition, Bertrand de Poulangy et leurs valets, Julien et Jean, puis Collet de Vienne, envoyé de Chinon par le Dauphin et son archer Richard. Agé de vingt-huit ans, rude soldat ayant conquis son grade et sa noblesse dans les récents combats, Jean de Metz avait joyeusement accepté d’escorter cette fille jusqu’à Chinon, à travers un territoire rempli d’ennemis.
S’ils passèrent la première nuit à l’abbaye de Saint-Urbain où ils étaient attendus, ils se firent héberger, les jours suivants, dans des fermes isolées, par des paysans qui n’osèrent pas refuser leur grange. Le voyage dura onze jours. Après avoir traversé l Aube et la Seine, ils arrivèrent à Auxerre, où Jeanne entendit la messe dans 1a cathédrale, franchirent la Loire à Gien, s'enfoncèrent dans les forêts de Sologne puis, après avoir passé le Cher et l’Indre, se trouvèrent enfin, le 5 mars, devant un petit village, nommé Sainte-Catherine-de-Fierbois, où Jean de Metz fit halte tandis que Collet de Vienne et son archer allaient prévenir le Dauphin du succès de l’expedition. A Sainte-Catherine-de-Fierbois était un pèlerinage. Quelques malades y faisaient des neuvaines et deux prêtres en assuraient la garde. Ce matin-là, Jeanne entendit trois messes de suite tandis que les quatre compagnons qui lui restaient se tenaient auprès des chevaux.
Après les offices, elle demeura longtemps dans la chapelle regardant alternativement les murs, l’autel et les statues, comme si elle avait voulu découvrir quelque chose. Il y avait des béquilles suspendues en ex-voto, des médailles, des inscriptions et des fleurs. L'odeur de l’encens flottait dans l’espace étroit.
Collet de Vienne revint dans l'après-midi. Le Dauphin donnait ordre de mener immédiatement la jeune fille à Chinon où elle logerait chez une femme désignée par lui. Tandis qu’à leur tour Jean de Metz et Bertrand de Poulangy étaient convoqués auprès de Charles pour rendre compte du voyage, Jeanne demeura trois jours chez son hôtesse, évitant de sortir et de répondre aux questions du voisinage.
On sait comment, le 9 mars, elle reconnut le Dauphin puis comment, quelques jours plus tard, elle répondit victorieusement à toutes les questions des examinateurs ecclésiastiques de Poitiers. Le 26 mars, Jeanne rentrait à Chinon, en compagnie du Dauphin qui était venu la chercher à Châtellerault. Maintenant, il s’agissait d’aller à Tours où étaient rassembléz les renforts pour Orléans, les armes et les approvisionements. Cependant, avant de partir, il fallait équiper Jeanne. Lorsque son armure fut prête, on s’inquiéta de l’épée : voulait-elle la garde en forme de croix ou préférait-elle un dessin particulier qui rappelât sa mission ? Jeanne répondit : « Allez à Sainte-Catherine-de-Fierbois, dans la chapelle du pèlerinage. Vous creuserez derrière l’autel, vous enlèverez une dalle, des pierres, et à peu de profondeur, vous trouverez l’épée qu’il me faut. » Ainsi fut fait, et l’on trouva une grande épée antique à la garde marquée de cinq petites croix.
Des traditions affirment que cette épée était celle de Charles Martel qui, après la bataille de Poitiers, l’aurait offerte aux prêtres du sanctuaire de Sainte-Catherine-de-Fierbois. Vers 1375, la chapelle oubliée, envahie par les ronces, n'était plus qu’une ruine. Un paralytique des environs, Godefroy, eut cependant l'idée de s'y faire porter et d’y réciter une prière quotidienne. Il fut guéri. Le bruit de ce miracle se répandit. Des prêtres de Tours accourus sur les lieux organisèrent un pèlerinage local. Au temps de Jeanne d’Arc, la vogue de Sainte-Catherine-de-Fierbois était déjà sur son déclin et l’épée de Charles Martel était oubliée.